Archives 2005-2015

PORTEE BAVARDE, Installation dans le lavoir d'Aubais ( cables d'acier, os de seiches, plâtre et pigments, fil de fer)

De la plage à la cage du canari, de l'eau à l'air, l'os de seiche fait une ascension; par analogie, il est devenu dans mon travail, successivement : cuillère de pêcheur, madone auréolée, puis oiseau.

Par analogie toujours, 43 os-oiseaux sont les notes d'une portée musicale d'une vingtaine de mètres: soit la longueur du lavoir, faisant allusion au 1er mouvement du concerto de Vivaldi: le printemps des 4 saisons.

Années 80, je donne de "l'importance au dérisoire" en le faisant participer à mes constructions de pierre nommées "Matière à pensées..."

Années 90, les éclats de taille de pierre se fond "hameçons", des écailles de pierre sont reproduites en bronze, les arêtes de poisson deviennent virgules d'écritures et les prêles sont promues cordes de harpe...

Années 00, la pierre me demeure essentielle, même si certaines périodes ne sont dévolues qu'à la "gestion du reste", autrement dit: à la nouvelle donne des éclats résiduels de la taille de blocs de carrière.

Pierre essentielle et ferraille inévitable...le tout prélevé dans mon environnement proche. Du minéral, donc, auquel s'ajoute des récoltes animales et végétales; du PEU , quoi qu'il en soit, qui s'additionne, s'associe, se transforme en dispositifs.

Mars 2005, c'est le printemps! les voûtes du château d'Aubais ne le savent pas encore! BIENVENUE!

Offrande,  attire les bonnes grâces de la nouvelle saison...(marbre noir de Belgique, marbre blanc de Carrare, fer, toile de lin, graines, fleurs et fruits.

Vol ascensionnel de la Libellule bleue, pour rejoindre le sable blanc...(toile, sable, libellule)

Poussée généreuse profite de l'humidité persistante...(12 éléments: papier marouflé sur tarlatane, encre typographique)

Esprit graphiques, se croisent, se reproduisent, et grimpent aux murs...(fer:grille et éclats) dimensions et couleurs variables

Coléoptères tentent de rejoindre le taureau au sang chaud...( latex, pâte de verre, tiges de fer)

Minéral souvenir de carrière , s'expose à la nostalgie de la pierre et de ses innombrables printemps...(reste de scie de carrière, papier, sable blanc)

Une sculpture-fontaine pour Barjac: "la Lisette", sur l'esplanade du même nom. ...avec la volonté de s'inscrire dans la perspective des gradins et de la piste circulaire , ensemble de pierre claire; leur faire écho, en apportant une complémentarité. ...

...,...L'esplanade de La Lisette est un espace public depuis une cinquantaine d'années; ce territoire, avant cette date, appartenait encore à la noblesse!. Noble se veut la fontaine Lisette: au sens de la volonté d'être une compagnie plaisante et nécessaire, désignant un lieu vivant , en mouvement, en couleurs, en lumières. (la colorisation de l'eau devant prendre le relai de la lumière naturelle à la tombée du jour)

Pas de bonnet phrygien, ni d'austérité de l'expression; si Lisette est déterminée, elle l'est pour affirmer sa féminité et le pouvoir vital de la féminité. Elle n'est pas une allégorie, mais une présence minérale et féminine, comme l'eau, la pierre, la fontaine, la soif, la source, la création, la floraison, la récolte, l'abondance, ...la vie! ...,...

...,...Dominique,plasticienne, est un sculpteur classique qui a su se glisser avec aisance, par la petite porte des petits riens, dans l'habit des paradigmes du monde de l'art contemporain.Elle assemble, associe, travestit objets trouvés, petits rien et matières, autant d'assemblages ludiques, malicieux, plein d'humour souvent, créés dans une démarche plus intuitive qu'intellectuelle, et c'est ce qui en fait le charme, et en définitive la force.

 Florian BESSET, extrait du texte de présentation , printemps 2012

...,...du pauvre, du fragile, du trouvé, du reste...mais, néanmoins, des formes, des couleurs, des matières. Réunis, associés, travestis, ces presque riens matérialisent des pensées: fugitives ou récurrentes, inattendues, sérieuses ou légères,...accrochées par une épingle.

C'est une invitation à déambuler, comme dans l'atelier, pour un parcours à la fois physique et mental, dans l'"historicité"que nous partageons.

Phasmes du Magnolia Grandiflora

notes de 2013:la bambouseraie a, elle aussi, ses discrets et ses "non vus" des regards ébahis par ses magnificences. Les feuilles, dites mortes, du magnolia, sont luisantes et brunes comme du cuir; assemblées de manière à former un corps d'insecte, elles renaissent et rejoignent leurs branches avec une nouvelle identité: phasmes de magnolia Grandiflora: habitants "fusionnels" de cet arbre remarquable. Mes "pensées analogiques" ont déjà produit des libellules-prêles, des coléoptères-madeleines, des couveuses d'abeilles, des nuages d'éphémères...et maintenant des feuilles vivantes, pour la Bambouseraie de Pra-France.

Dans le parc d'Anduze, Dominique Lonchampt a créé une petite armée de phasmes, constitués de feuilles d'arbres, notamment celles du Magnolia Grandiflora. Mais l'artiste n'a pas toujours travaillé une matière aussi fragile et organique : sculpteur, Dominique Lonchampt travaille depuis longtemps la pierre, et notamment la magnifique pierre grise de Tavel(extraite dans la commune du même nom à l'Est du Gard). Le questionnement sur « ce qui reste » autour de la sculpture proprement dite l'a progressivement amené à explorer, entre autres pistes, le thème des insectes et du végétal. Les « boucliers » de l’œuvre De cape et d 'épée présentée à Alès rappellent de gigantesques élytres, que des coléoptères géants auraient déposés délicatement ; en contrepoint les petites mouches de pêche qui essaient de s'échapper de leurs boîtes paraissent bien minuscules ! Les « Esprits graphiques » qui processionnent dans la salle ne sont pas sans rappeler eux aussi le petit peuple de phasmes qui parcourent la Bambouseraie.

Dans d'autres œuvres, Dominique Lonchampt rend hommage à de grands artistes du XX^e siècle qui ont suscité chez elle réflexion et émotion. Ainsi son Hommage à Louise Bourgeois reprend à la fois un matériau (le tissu) et un motif (les parties de corps), chers à la plasticienne franco-américaine. Enfin l'artiste nous propose deux œuvres clin d’œil à Picabia : exposées à quelques mètres au musée PAB, les œuvres de cet artiste déroutant et stimulant ont accompagné la vie et l’œuvre de Dominique Lonchampt.

Flavie LE PLAPOUX

Adjointe au conservateur des musées d'Alès

PRECIEUX BROYAT, Installation , Bambouseraie Pra France, saison 2014

texte de présentation:

Novembre 2013: les Phasmes du Magnolia Grandiflora usent de leur discrétion pour se faire oublier tout l'hiver; ils assistent aux allers et venues de l'équipe des jardiniers qui aménage la clairière, dévoilant la majesté du chêne glauque.

C'est le lieu choisi pour déposer le broyat des végétaux, élu pour être matière première de la création collective présentée aujourd'hui. Depuis toujours, quand les feuilles tombent au sol, une armée de microorganismes et animalcules se met au travail. En quelques mois, cette matière organique est revalorisée en humus, remis à la disposition des végétaux qui nous ravissent.

La structure en bambou qui abrite et maintien ce compost peuplé par la version gigantesque "d'actinomycètes", a été conçue pour suggérer une modeste chapelle, (faisant allusion à la Cathédrale Notre Dame de la Pauvreté, réalisée par Simon Velez à Pereira, Colombie.

Par analogie, les Esprits graphiques occupent les flancs du compost, tels des bactéries gigantesques se nourrissant des matières organiques mortes, pour aboutir à les minéraliser...De quoi fournir matière à une nouvelle donne...

Pour ce printemps 2015, la multiplication (complexe) d'alvéoles hexagonales (simples), à proximité des fontaines, veut rappeler et confirmer l'abeille dans sa réalité de patrimoine écologique et social de l'humanité.

D.L